À l’heure où les discours sur l’intégration africaine abondent sans toujours se traduire en actes, le Burkina Faso et le Ghana viennent de poser un geste concret, pragmatique et immédiatement bénéfique pour leurs citoyens. Dès ce vendredi 21 novembre 2025, un Burkinabè franchissant la frontière ghanéenne pourra appeler, envoyer des messages ou utiliser Internet mobile comme s’il était resté chez lui. Il en va de même pour tout Ghanéen se rendant au Burkina Faso. Plus de surtaxes, plus de surprises tarifaires : l’itinérance entre les deux pays devient gratuite.
Derrière cette mesure, qui pourrait paraître technique, se cache en réalité une véritable avancée politique. L’accord de « free roaming » ne se limite pas à une simple décision commerciale entre opérateurs. Il traduit une volonté commune d’abattre les murs qui freinent encore la mobilité sous-régionale. Dans un contexte où les échanges humains, économiques et sécuritaires nécessitent plus que jamais fluidité et coopération, cet acte pose une pierre solide sur le chemin de l’intégration ouest-africaine.
Il faut aussi saluer le message symbolique. Pendant que certains blocs régionaux peinent à maintenir leur cohésion, Ouagadougou et Accra montrent qu’il est possible d’avancer, même à deux, vers une Afrique plus connectée et plus unie. L’itinérance gratuite n’est peut-être qu’un détail technique, mais c’est souvent par les détails que les grandes transformations commencent.
Reste maintenant à espérer que cette initiative fasse école. Si d’autres pays de la CEDEAO emboîtent le pas, l’espace communautaire pourrait enfin devenir ce qu’il prétend être depuis des décennies. Un espace où circulent librement les personnes, les biens… et désormais la communication. Et cela, contrairement aux grands discours, est mesurable, visible et immédiatement ressenti par les citoyens.
Barka LEBRY

