Du 28 au 31 octobre 2025, la Société Nationale d’Aménagement des Terrains Urbains (SONATUR) organise une opération de vente de plus de 1 000 parcelles viabilisées dans trois grandes localités : Bindougousso à Bobo-Dioulasso, Poédogo à Ouahigouya, et Silmiougou à Ouagadougou. Une initiative salutaire, dans un contexte où la demande en logements ne cesse de croître.
Mais derrière l’annonce officielle, une question dérangeante demeure. À qui s’adressent réellement ces ventes ?
Car pour beaucoup de citoyens, notamment ceux qu’on appelle les « citoyens lambdas » ou les fonctionnaires à revenus modestes, ces parcelles restent tout simplement inaccessibles. Dans un pays où le salaire moyen d’un fonctionnaire tourne autour de 150 000 à 250 000 FCFA, comment peut-on espérer qu’il débourse entre 3 et 5 millions de francs CFA pour un terrain, aussi bien situé soit-il ?
La problématique n’est pas nouvelle. Elle revient à chaque opération foncière, révélant le fossé grandissant entre les politiques publiques et la réalité socio-économique de la majorité des Burkinabè. Dans bien des cas, ce sont les mêmes profils privilégiés qui accèdent à la terre, pendant que les modestes continuent de louer, de s’entasser dans des zones non loties ou de s’éloigner toujours plus du centre-ville.
La SONATUR joue certes son rôle dans l’organisation de l’urbanisation. Mais il est grand temps de réinterroger le modèle. Le coût du mètre carré doit être revu à la baisse, ou alors des mécanismes innovants de facilitation doivent être mis en place. Ailleurs, des solutions existent, portées par des autorités soucieuses du bien-être de tous et non d’une élite restreinte.
Il ne s’agit pas seulement de vendre des terrains. Il s’agit de bâtir une société juste, inclusive et équilibrée, où chaque citoyen a une chance réelle d’avoir un toit, un bout de terre, un avenir. L’accès à la terre ne doit pas être un luxe. Il doit être un droit.
Barka LEBRY