Burkina: Un tournant décisif pour la formation en santé

Le recrutement exceptionnel de 208 hospitalo-universitaires annoncé ce 17 novembre 2025 n’est pas qu’un chiffre impressionnant. C’est un signal fort, presque un acte fondateur, dans un paysage où la formation des professionnels de santé souffrait depuis trop longtemps d’un manque criant de ressources humaines qualifiées.

En rencontrant les jurys chargés de ce processus inédit, le ministre de la Santé, Dr Robert Kargougou, et le ministre de l’Enseignement supérieur, Pr Adjima Thiombiano, ont voulu marquer l’importance stratégique de cette opération. Il ne s’agit plus seulement de combler des postes, mais de porter une vision, celle d’un Burkina Faso capable, dès 2026, de se positionner comme référence régionale en matière d’examens de classement et d’enseignement médical.

L’initiative « 1000 × 5 » s’inscrit dans cette dynamique. Le recrutement massif annoncé, du jamais-vu dans l’histoire récente du pays, tranche avec les pratiques habituelles où seuls une cinquantaine de postes étaient ouverts, limitant drastiquement l’encadrement des étudiants sur le terrain. Aujourd’hui, l’ambition change d’échelle : 441 candidats, pour 603 candidatures, se disputent 208 places. Un volume qui reflète à la fois l’urgence de renforcer les équipes et la volonté politique de rompre avec le sous-dimensionnement chronique des effectifs.

On mesure ici l’enjeu : améliorer l’encadrement dans les hôpitaux, offrir des conditions d’apprentissage dignes, et surtout garantir aux futurs médecins, pharmaciens et spécialistes les mêmes chances de réussite que partout ailleurs. La compétitivité du pays en dépend, tout comme la qualité des soins proposés aux populations.

Mais cet élan ne prendra son sens que si la promesse d’une sélection fondée sur le mérite, la transparence et l’équité est tenue. Les ministres ont fait ce rappel avec insistance. Les jurys, quant à eux, portent désormais une responsabilité majeure : celle de transformer une volonté politique en réalité concrète.

Ce recrutement exceptionnel, s’il est conduit avec rigueur, pourrait bien marquer le début d’une véritable refondation du système de formation en santé. Un pas décisif vers un Burkina Faso qui investit enfin dans son capital humain et donc dans son avenir.

Barka LEBRY