L’annonce de l’obligation d’exécuter l’Hymne national, le Ditanyè, en langues nationales lors de l’épreuve de chant du Certificat d’Études Primaires (CEP) à la session de 2026 suscite un débat aussi symbolique que pédagogique. Entre affirmation identitaire et défis pratiques, cette mesure interpelle sur le rôle de l’école dans la valorisation des langues et des cultures du Burkina Faso.
Il faut saluer d’abord la portée patriotique de cette décision. Le Ditanyè, chant de résistance et de fierté, trouve une résonance particulière lorsqu’il est interprété dans les langues parlées par la majorité des Burkinabè. En permettant aux enfants de le chanter dans leur langue maternelle, l’école rapproche la symbolique nationale du vécu quotidien. L’hymne cesse d’être une récitation mécanique pour devenir un véritable acte d’appropriation du patrimoine commun.
Mais cette initiative, aussi noble soit-elle, appelle à une mise en œuvre rigoureuse. Traduire le Ditanyè dans plusieurs langues tout en préservant son sens, sa poésie et sa solennité n’est pas chose aisée. Il faudra également former les enseignants, harmoniser les versions et garantir une évaluation équitable entre les élèves, qu’ils chantent en mooré, dioula, fulfuldé ou bissa.
En filigrane, cette mesure interroge la place des langues nationales dans notre système éducatif. Si l’école Burkinabè veut vraiment être le reflet de sa société, il est temps qu’elle cesse de reléguer les langues locales à la marge. L’initiative du Ditanyè pourrait bien marquer un tournant, à condition qu’elle s’inscrive dans une politique linguistique cohérente et durable.
En somme, faire vibrer le Ditanyè dans la diversité linguistique du Burkina Faso, c’est redonner souffle et sens à l’unité nationale. Ici, l’école a l’occasion de prouver qu’elle peut être à la fois le creuset du savoir et le gardien de l’âme du pays.
Barka LEBRY
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